12/01/2011

L'INTERVIEW


Qui : Guillaume Le Port, jeune graphiste underground montant.
Sur quoi : L'innovation culturelle en France.



1 - Où penses-tu qu'en soit la France, d'un point de vue "innovation culturelle" ?

A mon avis, la France innove toujours, mais j'ai tout de même l'impression que la France s'est un peu trop regardé le nombril, qu'elle s'est trop satisfaite de son passé à un moment donné et que le culte du vieux est devenu une sorte de norme. Quand on entend parler les étrangers de la culture française, on sent que l'aura est toujours là, mais qu'elle est resté figée quelque part dans le passé. Les noms qui reviennent sont souvent des noms d'artistes morts inscrits au patrimoine (sauf Daft Punk).
Le cinéma français, qui en est l'exemple parfait, a raté un virage : la Nouvelle Vague a moisi, s'est mis le public à dos, là où l'Espagne a tout compris et propose un cinéma populaire d'une qualité remarquable, reconnu partout dans le monde. Ce qui n'a pas l'air d'être le cas des Bronzés. Au final, vu de l'étranger, des mecs comme Gaspar Noé, Jeunet et Gondry entretiennent une idée d'une création ciné française pullulante, mais il n'y a pas grand chose derrière, en grande partie à cause de son système de financement.


2 - Quelle place tient la culture dans ton mode de vie ?


Elle est très importante, j'y consacre un gros budget, et grâce au téléchargement, j'en mange encore plus. Le seul point négatif reste les expositions qui sont trop collées dans Paris et que je ne peux pas voir. Bon, j'avoue, je lis pas grand chose.


3 - Que t'inspire l'interdiction au mineurs de l'exposition de Larry Clark ?


Ça ne m'étonne pas. La France a fait un retour dans les années Giscard à ce niveau, des films de genre sont interdits aux moins de 18 ans, interdits en France, un clip pourri de Mylène Farmer fait polémique, alors des ados à poil qui se shootent ...

4 - Penses-tu que les décisionnaires en terme d'art soient trop timorés ?

L'audace existe toujours, mais elle est loin d'être une généralité, ce qu'elle devrait être chez ces gens là.


5 - Quelles seraient tes premières mesures si tu devenais ministre de la Culture ?

J'opérerais un rajeunissement, je créerais la fête de la musique, la fête du cinéma, je décentraliserais le pays (le théâtre et les grandes expos restent invisibles en province pour la plupart (même si du moment que j'ai une plage çà va).

Et j'interdirais à Gad El Maleh et Elie Seimoun de toucher une caméra aussi.

02/01/2011

Ours blancs du Canada


D'ordinaire, je fuis les bonnes causes comme la peste. L'étalage vulgaire de bons sentiments me débecte et les niaiseries miss-franciennes type "la guerre, c'est pas bien, ça tue des petits enfants" me donnent une furieuse envie de balancer des bombes à vomi sur tout le monde. Je bouscule les petits vieux dans le métro pour m'assoir avant eux et je pince vicieusement les enfants pour les filmer en train de pleurer (uniquement ceux qui ne parlent pas encore, je ne suis pas folle).

Vous l'aurez saisi, je suis un démon. Mais même ma nature démoniaque ne me préserve pas des températures qui grimpent. J'essaie de m'intéresser à l'avenir de notre planète sans trop avoir l'air d'y toucher, parce que je ne supporte pas l'aspect mondain de cette cause. Il y a quelques années, l'actrice oscarisée Vanessa Redgrave a été blacklistée pour son engagement auprès des palestiniens et aujourd'hui, cette morue grande rebelle de Hayden Panettiere se bat pour les droits ... des dauphins. Les stars sont le reflet de leur époque ...

Comment peut-on aujourd'hui considérer le militantisme écologique comme un engagement ? Le terme "engagement" suppose un minimum de mise en danger et aucune starlette ne perdra jamais ses fans parce qu'elle est contre la déforestation. Sondage express : combien parmi vous sont pour qu'on rase la forêt amazonienne et pour qu'on dépèce les bébés phoques ?

C'est bien ce qu'il me semblait.

Lorsque mon maître adoré (la brosse, ça ne mange pas de pain) nous a imposé proposé un sujet sur l'écologie, j'ai donc commencé par râler m'insurger avant d'en tirer parti en me souvenant d'une superbe exposition sur les ours blancs, vue en été (lorsque je fantasmais sur le froid).

Proposée par le centre culturel canadien (ne me demandez pas ce que je faisais là bas, c'est une longue histoire), l'exposition avait pour but de ressasser décrire les menaces qui pèsent sur les ours blancs. L'occasion idéale de jouer ma Brigitte Bardot à bon compte.

Articulée en deux tableaux, l'exposition est loin d'être la plus riche que j'aie jamais vue mais elle a le mérite de frapper par son approche neutre. La fonte des glaces est décrite de façon rigoureusement scientifique, sans sentimentalisme aucun. Rafraîchissant, sans mauvais jeu de mot. Les ours blancs ne sont ici qu'un moyen d'illustration puisque leur détérioration de leur environnement naturel découle du réchauffement de la planète. Certaines images d'ours ésseulés nageant à la recherche d'un morceau de banquise où se poser s'avèrent édifiantes et autrement plus efficaces que n'importe quel bla bla. Poids des mots, choc des images.

Je ressors après avoir fait un tour complet, vaguement écoeurée. Si Vanessa Redgrave reste le plus beau des modèles, Hayden Panettiere gagne ses (petits) galons dans mon estime.

01/12/2010

LA RUSSIE ROMANTIQUE



Drastvoutié (je viens de donner à peu près tout mon russe) ! Ne vous y trompez cependant pas : je n’ai rien d’une novice, concernant la Russie. Après y avoir habité deux ans lorsque j’étais enfant, j’ai développé une addiction toute naturelle à ce pays. Ainsi, à l’annonce de l’exposition « La Russie romantique », au bien nommé Musée de la Vie Romantique, j’ai illico embarqué Justine, mon alter ego culturel.
Premier (et terrifiant) constat : Justine et moi semblons être les seules personnes non-détentrices de la carte Vermeil. Ainsi, les vénérables antiquités vêtues de vison ne débourseront rien tandis que nous, misérables étudiantes que guettent le scorbut, le choléra et la peste noire, devrons nous acquitter de la somme de 3,50 euros. Soit. La culture n’a pas de prix et nous payons fièrement rubis sur l’ongle. Nos nourritures sont essentiellement spirituelles et sauter quinze repas ne nous tuera pas !
Brandissant notre sésame tel un insigne policier, nous pénétrons l’enceinte du musée, sans omettre de lire une perturbante mise en garde : un panneau rose nous précise en effet que la Russie n’est pas vraiment réputée pour ses peintres et qu’en plus, ces derniers n’avaient pas de patte propre. Nous ne devons pas nous attendre au niveau des peintres européens, hollandais ou italiens. Ah. Pouvaient pas le dire avant qu’on paye ? Escrocs, brigands, mafieux !
Résignées, nous suivons docilement le parcours en baillant d’avance. Les premières œuvres exposées, de superbes statues d’augustes personnages, se révèlent cependant encourageantes. Finement exécutées, en bronze ou en marbre, les pièces laissent augurer du meilleur. Justine et moi nous rendrons cependant compte qu’elles font office d’attrape-nigauds tant la suite est désolante.
Exceptés deux ou trois tableaux, le reste (ou plutôt « les restes ») semble n’avoir d’intérêt que par sa valeur historique. Mon amie et moi avançons, consternées. Oh, regarde, Justine : une croûte ! Oh, une autre ! Rien ne viendra donc sauver cette désastreuse exposition ? Nous nous dirigeons vers la salle suivante et là, surprise : encore des croûtes. Tant pis. Le jardin, romantique et bucolique à souhait se révèle l’occasion pour prendre quelques clichés d’inspiration pré raphaelite. La journée n’est pas perdue, allons nous goinfrer au café Pouchkine pour prolonger l’atmosphère russe ! Dasvidania !